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Échos de séances - "On verra après les fêtes": le calendrier comme anesthésiant

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Par Caroline PICOU-NOLL, Thérapeute & Formatrice

Fondatrice de SOMA - La Biologie du Ressenti®



Décodage Biologie du Ressenti Caroline Picou-Noll

Que veut dire “on verra” quand ça fait des mois que l’on voit déjà ?


Qu’est-ce qu’on gagne, sur le moment, à repousser une décision ?


Pourquoi est-ce qu'on s’accroche aux jalons : fêtes, vacances, rentrée, week-end ?


Peut-on en sortir ?




-Échos de séance-

On verra après les fêtes” : le calendrier comme anesthésiant.



En décembre, cette phrase dite sur un ton (trop?) léger :“On verra ça après les fêtes.”


Elle semble raisonnable et sonne même comme une mesure de bon sens. En séance, elle apparaît souvent au moment précis où un sujet devient trop chargé : séparation, conflit familial, décision professionnelle, argent, fatigue, discussion attendue depuis des mois.

Derrière, il y a rarement “les fêtes”. Il y a un mécanisme plus précis : mettre le sujet sous cloche, le déplacer vers un jalon supposé plus simple, plus “gérable”, plus acceptable. Une façon de 'respirer'… sans trancher.


“Après les fêtes” déplace la décision vers un futur que l'on croit contrôler. Le cerveau adore ça : il obtient une impression de maîtrise sans passer par l’acte.

Ce déplacement crée une forme de soulagement immédiat. La tension descend instantanément, la conversation se referme d'emblée et le quotidien peut reprendre.

Et, pendant un temps, le système nerveux considère que le problème est “géré”, parce qu’il a été rangé dans une date. Sauf qu’un sujet rangé n’est pas un sujet traité.


La phrase porte souvent l'idée implicite que plus tard, ce sera un meilleur moment. Il ne faut surtout pas gâcher les fêtes. Parfois, c’est juste : il existe des moments où repousser protège réellement, parce qu’on est trop à vif, trop fatigué, trop fragile, ou qu'il y a trop d'enjeux familiaux à cette période.

Le point d’attention, c’est que cette “fenêtre idéale” est souvent une fiction.


Après les fêtes, il y a la reprise, puis un anniversaire, puis un dossier urgent, puis l’été, puis la rentrée. Et à nouveau Noël. Le sujet, lui, reste intact.


Gagner du temps ?

Il y a un report qui sert à prendre soin du timing. Et il y a un report qui sert à éviter.

Le premier ressemble à :“Là, je n’y arrive pas. J’ai besoin de 48 heures. Je te propose dimanche 17h, une demi-heure, et je m’engage à y aller.

Le second ressemble à :“On verra, là c'est pas le moment.

Sans date, ni cadre, ni le moindre geste qui précise quoi que ce soit.


Dans ce cas, “après les fêtes” devient une manière détournée de dire : je ne veux pas y aller. Ou : je ne peux pas assumer ce que ça va déclencher.


Le report a une fonction sociale et morale : il protège l’image de la personne raisonnable.

“Je fais ça bien.”; “Je ne veux pas gâcher.”; “Je pense aux enfants.”; “Je ne veux pas créer de drame.”

Ces phrases peuvent être vraies. Elles peuvent aussi servir de bouclier : rester quelqu’un de correct, pendant qu’on laisse l’autre dans le flou. Et le flou, lui, peut coûter cher.


L'un des biais les plus fréquents derrière cette phrase est le mythe du bon moment. L’idée qu’un contexte idéal va apparaître.

Il y a aussi ce blocage interne : je sais qu’il faut agir, mais je n’agis pas. Alors le mental fabrique une règle (“après les fêtes”), qui calme l’inconfort. Et puisque ça fonctionne, ça se répète.

Le plus puissant de ces mécanismes est le soulagement immédiat. Le mental choisit ce qui fait baisser la pression dans l'instant. Même si, à terme, ça augmente la charge.

C’est là que le jalon devient addictif : une petite dose d’apaisement, au prix d’un problème qui s’épaissit.


Le report est 'bon signe' quand malgré la peur de ce que ça va déclencher, on actionne quand même quelque chose. Quand le “après les fêtes” n’est pas une fuite, mais bien une régulation au service d’une décision.


Le report devient plus problématique quand il se transforme en chaîne et que la date recule sans cesse et que le délai reste flou. À chaque relance, la personne se ferme, se justifie, retourne parfois la 'faute', accuse l’autre d’insister...

Le sujet ne progresse en rien, on tourne autour, on s’use. Il devient un bruit de fond ou vit un mélange d'espoir, d'angoisse, d'hypervigilance, de lecture de signes... et le corps encaisse cette instabilité.



Illustration à travers un cas pratique : celle/celui qui n’en finit plus de ne pas se séparer


Contexte typique : deux personnes vivent encore ensemble. Le malaise est installé depuis longtemps. Les disputes alternent avec des périodes “correctes”. L’idée de séparation est déjà sortie, parfois plusieurs fois. Et pourtant, à chaque moment où ça pourrait se dire clairement, ce report revient. Le couple devient une suite de jalons qui servent à tenir.

Ce que ça raconte est souvent très clair : la peur de faire exploser le quotidien, la peur d’être “le méchant”, la peur des conséquences pratiques, parfois l’envie de garder encore un peu certains bénéfices (sécurité, habitudes, statut), et parfois pour l'un des deux protagonistes, une chose plus difficile à regarder : ne pas assumer l’acte de rupture, tout en préparant la sortie.

Le piège, dans ce contexte, c’est le sas interminable : la relation devient une salle d’attente. On ne sait pas si l'on doit s’accrocher, se préparer, se protéger, renoncer. Et plus ça dure, plus le lien s’abîme.



Alors comment faire, concrètement ?

Quand quelqu’un dit “on verra après les fêtes” (ou après telle ou telle date-jalon), le plus utile est de sortir du vague en posant un cadre simple : une date, un objectif, un geste clair. “Après les fêtes, c’est quelle date précisément ?” ; “On se parle pour décider de quoi, exactement ?”; “Et d’ici là, qu’est-ce qui est posé concrètement : un rendez-vous, un écrit, une démarche, une action mesurable ?”

La différence se perçoit vite. Sans ça, le jalon remplace la décision. Et le corps finit toujours par le signaler...


La vraie question n’est pas le calendrier, c’est ce qui bloque à l’intérieur : peur, culpabilité, conséquences, solitude, image ? Voilà précisément ce que l’on vient éclairer en séance.





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"Écouter et éclairer ce que vous ressentez.​

Donner du sens à ce que vous traversez."

Caroline Picou-Noll


 

Décodage biologique et émotionnel des symptômes Caroline Picou-Noll

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