L'héritage dans la peau
- latelierdeletre
- 7 mai
- 4 min de lecture
Dernière mise à jour : il y a 6 jours
Caroline PICOU-NOLL
Fondatrice de SOMA - La Biologie du Ressenti®

Et si je portais la mémoire de ce que personne n’a jamais raconté ?
Pourquoi certains blocages reviennent-ils, même quand “tout va bien” ?
Peut-on porter le deuil d’un événement qu’on n’a jamais vécu soi-même ?
L’héritage est-il forcément un poids, ou peut-il être un appui ?
L'héritage dans la peau
Chacun de nous a une histoire, une famille, un passé unique qui le précède. Au-delà des traits physiques et des biens matériels, nous héritons d’un bagage invisible : une empreinte transgénérationnelle, qui se manifeste dans notre vie actuelle, à bas bruit ou grand fracas.
Ce que j'appelle ici "L’héritage dans la peau", ce sont ces schémas émotionnels, ces croyances, ces attentes implicites, forces, réussites ou encore ces blessures anciennes qui se transmettent au fil des générations et influencent, souvent sans que l'on ne s'en rendre compte, notre biologie certes, et aussi notre manière singulière de penser, de sentir, de nous relier, d'être au monde.
Certaines empreintes ne se limitent pas à des comportements appris ou à des schémas relationnels. Elles s’inscrivent dans le corps, au niveau cellulaire. Cette cellule qui porte la mémoire de ce qu’elle a traversé : stress prénatal, état de survie, joies, peines, adaptations précoces (je fais au passage un clin d’œil affectueux aux participantes du séminaire Empreintes Fondatrices du week-end dernier !). Et dans le noyau de la cellule, l’ADN, support de l’information génétique, et qui est aussi réceptif aux modifications épigénétiques induites par l’environnement.
Notre héritage est finalement issu d’un dialogue constant entre ce que la lignée transmet et ce que la vie inscrit dans la matière. Il se lit dans les symptômes, les réactions, les adaptations du corps, bien avant de devenir conscience.
Prenons l’exemple d’un enfant élevé dans une famille où l’expression des émotions doit être retenue. Très tôt, il apprend à réprimer ses ressentis, pour espérer rester en lien avec son environnement. Adulte, il pourra rencontrer des difficultés à nommer ce qu’il éprouve, à poser ses limites ou à reconnaître ses besoins. Cette problématique n’est pas un dysfonctionnement : c’est une stratégie ancienne, apprise et intégrée, qui répond à une logique. Elle peut même avoir été héritée, sans bruit.
Les non-dits en héritage
Les secrets de famille, les événements passés sous silence, les pertes ou les ruptures non intégrées créent des zones d’ombre. Ce qui n’a pas pu être vu, reconnu ou nommé continue pourtant d’agir. Il arrive qu’une personne ressente une angoisse diffuse, une peur irraisonnée, une culpabilité sans objet précis. En explorant un peu plus loin, on découvre parfois des événements tragiques tus pendant plusieurs générations, un deuil inachevé, une exclusion ou une trahison restée enfouie...
Ce ne sont pas des liens hasardeux. Ce sont des échos. Le corps et la psyché captent ce que l’histoire "officielle" a laissé de côté. Les informations vont ainsi remonter sous forme de signaux précis, et nous inviter (ou nous "forcer" !) à restaurer une cohérence.
Les symptômes comme porte d'entrée
Dans ma pratique, ces transmissions apparaissent souvent à travers des signes corporels. Des troubles cutanés par exemple, qui apparaissent sans cause apparente. Des douleurs chroniques localisées, résistantes aux traitements. Des tensions précises, des inconforts persistants. Ces manifestations ne sont pas des “problèmes à corriger” mais bien des points d’accès à une histoire originelle à la fois plus vaste et bien plus précise.
Le corps, ayant gardé la trace de ce qui a été tu ou sur-adapté, signale, symptomatise, exprime d'une manière singulière et précise. En écoutant avec attention, il devient possible relier un symptôme à un événement, une mémoire, une dynamique familiale. L'exploration commence alors, pour comprendre, se ressaisir, remettre du mouvement, et même, se (re)trouver.
Ce que je propose dans mes accompagnements, c’est une lecture sensible, incarnée de ces symptômes, en lien avec les histoires, les mémoires. Au-delà de l'analyse et de la théorie, il s'agit de percevoir ce qui circule, ce qui bloque, ce qui cherche à émerger. Le corps guide. C’est lui qui donne le rythme. Et c’est à partir de lui que les choix deviennent possibles.
Ce que nous portons n’est pas figé. Ce n’est pas parce qu’un schéma s’est inscrit tôt qu’il détermine toute notre vie. Cependant, tant qu’il reste inconscient, il agit en arrière-plan. Prendre conscience de l’héritage reçu, dans ses parts blessées comme dans ses ressources, permet de retrouver une liberté de positionnement. Cela ne passe pas toujours par des récits. Parfois, c’est un geste, une sensation, une phrase qui résonne, un souvenir qui refait surface, et tout s’éclaire.
L'héritage comme ressource
Vous aurez sans doute saisi qu'il ne s’agit pas de “se libérer” du passé. L’héritage est aussi une source de stabilité, de courage, de fidélité à quelque chose de juste. Certaines personnes retrouvent, en plongeant dans leur lignée, une force tranquille, un ancrage, une forme de confiance transmise sans mot. Revenir à ces racines-là, les reconnaître, les faire circuler consciemment, permet de se connecter pleinement à soi.
Le corps ne garde pas que la douleur. Il garde aussi la mémoire de ce qui a tenu bon, de ce qui a aimé, de ce qui a créé malgré les manques.
"L’héritage dans la peau", ce n’est pas qu'un titre - formule. C’est une réalité que nous vivons chacune et chacun à notre manière. Saisir ces influences, reconnaître leurs effets, c’est s’ouvrir à une connaissance de soi plus profonde, libératrice de joie. C’est une exploration de chaque instant pour se sentir pleinement vivant et se célébrer !
Écouter et éclairer ce que vous ressentez. Donner du sens à ce que vous traversez.
Caroline Picou-Noll
Si cette thématique vous parle et vous appelle,
je vous accueillerai avec joie à mon prochain séminaire :
« Psychogénéalogie, cycles répétitifs & hérédité des troubles »
les 7, 8 et 9 juin à Colmar.
Un espace pour explorer les transmissions inconscientes, les schémas qui se rejouent de génération en génération, et l’écho des troubles portés dans le corps ou la psyché.
Trois jours pour faire émerger du sens, retrouver sa place, et laisser la vie circuler.
