Saint Nicolas : décodage & lecture symbolique
- latelierdeletre
- il y a 1 jour
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Dernière mise à jour : il y a 8 heures
Par Caroline PICOU-NOLL, Thérapeute & Formatrice
Fondatrice de SOMA - La Biologie du Ressenti®
Je sors en ce 6 décembre de la thématique purement biologique pour vous proposer un décryptage ... de la Saint Nicolas.
Tout en restant sur la trame habituelle, explorons ce que cette figure a inscrit en nous, à propos de la façon d’être « sage », de mériter, de recevoir… ou de craindre de décevoir.
Les contenus présentés ici sont le fruit d'un travail diffusé gracieusement,
dans une démarche de contribution au collectif.
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Bonne lecture !
Saint Nicolas
Fonctions / rôle de Saint Nicolas :
Historiquement, Saint Nicolas est un évêque du IVᵉ siècle, évêque de Myre en actuelle Turquie. Il est devenu patron des enfants, des marins, des voyageurs, des marchands, et figure du don discret : celui qui aide, protège, soutient, souvent sans être vu.
Sa fête, le 6 décembre, est encore très présente dans plusieurs pays d’Europe et dans l’Est de la France (Alsace, Lorraine). Ce jour-là, il passe dans les écoles, les maisons, distribue friandises, mandarines, petits cadeaux aux enfants dits « sages ».
Dans ces régions, il est presque toujours accompagné d’une figure sombre : le Père Fouettard, chargé de rappeler aux enfants « pas sages » qu’ils risquent la punition, la honte ou la privation.
Une autre légende centrale le relie directement aux enfants : celle des trois petits enfermés dans un saloir par un boucher, que Saint Nicolas ramène à la vie. Cette scène, très présente dans l’iconographie (saint avec trois enfants dans un tonneau), a renforcé son statut de protecteur des enfants.
Avec le temps, sa figure a aussi inspiré Sinterklaas, puis Santa Claus, le « Père Noël » moderne.
Décodage et lecture symbolique du Saint Nicolas :
Saint Nicolas s’inscrit dans la mémoire comme une figure d’autorité bienveillante… mais conditionnelle. Il donne si l’enfant est « sage », et il vient avec son double menaçant qui rappelle la faute et la punition. On a là un concentré de thèmes :
Mériter ou non le don : on reçoit si l’on se conforme. Le cadeau devient validation. L’enfant apprend que l’amour, l’accueil, le « bonbon » passent par le filtre de l’obéissance.
Séparation sages / pas sages : l’imaginaire se structure autour du bon enfant qui rentre dans le cadre et du mauvais enfant qui dérange, fait honte, expose la famille.
Autorité, père et loi : Saint Nicolas porte la mitre, le bâton, il bénit ou sanctionne à travers ses verdicts sur la conduite de l’enfant. Le corps enregistre la façon dont l’autorité se présente : protectrice, mais toujours potentiellement juge.
La légende des trois enfants dans le saloir ajoute une couche plus profonde. On y trouve une scène de violence extrême sur des enfants perdus, un adulte qui les attire, les tue, les découpe, les stocke, puis une figure qui voit, nomme l’horreur et répare.
Pour un imaginaire d’enfant, cela pose à la fois la peur d’être « découpé » pour avoir mal fait, s’être égaré, avoir désobéi et la croyance en une figure sauveuse qui peut réparer même le pire, mais à condition qu’elle voie, qu’elle choisisse d’intervenir.
Au niveau psychique, Saint Nicolas peut cristalliser la question : « Suis-je un enfant bon, gentil ? » qui devient plus tard : « Suis-je une bonne personne ? Est-ce que je mérite ce qu’on m’offre ? ». Aussi, l'injonction de devoir se tenir tranquille, à faire « comme il faut », par peur de décevoir ou de déclencher la colère du « Père Fouettard » (le père, la mère, le chef, la figure d’autorité en général). Ou encore la difficulté à recevoir sans justification : si on a intégré « on reçoit parce qu’on a été sage », l’adulte peut rester en tension, incapable de recevoir un geste, une amélioration, un succès sans passer par l’auto-contrôle ou l’auto-critique. Pour certains, le corps réactive ce stress chaque mois de décembre...
Réflexion / question clé :
Qu’est-ce que j’ai appris, enfant, sur le fait de mériter un cadeau, ou un compliment, de l'attention et comment ce scénario influence encore aujourd’hui ma façon de me juger, de me tenir 'à ma place' et de recevoir ?
Pratique / exercice simple :
Sur une feuille, écrivez : "Mes souvenirs de la Saint Nicolas".
Laissez venir les images (assiette préparée, bruits de pas dans l’escalier, passage à l’école, présence ou peur du Père Fouettard...), les phrases qu’on disait à la maison (« fais attention, il voit tout », « tu n’auras rien si… »), les sensations corporelles (ventre serré, excitation, honte, fierté, envie de disparaître, envie de montrer que vous avez été exemplaire).
Puis, sous ces souvenirs, notez : " Ce que cet enfant-là se disait sur lui-même".
L'idée est de sentir comment le corps réagit et voir plus clairement la logique, les croyances inscrites. Et pourquoi pas, proposer un nouveau discours à cet enfant ...
Cultures & savoirs ancestraux :
Saint Nicolas se situe à la croisée de plusieurs couches culturelles.
Le saint historique : évêque de Myre, connu pour ses gestes de générosité envers les pauvres, les enfants, les marins.
Le culte européen : sa fête est devenue un moment fort de distribution de dons aux enfants dans de nombreux pays d’Europe du Nord et de l’Est, souvent plus important que Noël dans certaines familles.
La version de l’Est de la France : en Alsace et Lorraine, il reste le grand patron local, avec processions, chars, défilés, et un fort ancrage dans l’imaginaire collectif.
La métamorphose en Santa Claus : via Sinterklaas aux Pays-Bas, la figure a glissé vers le Père Noël, plus dépolitisé, plus commercial, mais avec la même idée de cadeau lié à la conduite de l’enfant.
Il semblerait que nous ayons là une tradition qui, à la base, parlait d’entraide, de soutien aux plus vulnérables et qui s’est peu à peu transformée en dispositif de contrôle de la conduite des enfants (et des plus grands...) à travers la carotte (cadeau) et le bâton (Père Fouettard).
Mythes, symboles & sagesse du corps :
Autour de Saint Nicolas, certains éléments de son “costume” parlent autant que les récits. Ils impriment une manière de vivre l’autorité, la protection, la loi.
La crosse : guider, repousser, ramener
La crosse d’évêque est, à l’origine, un bâton de berger. Elle sert à ramener les brebis, séparer, protéger, soutenir la marche. Dans l’imaginaire de l’enfant, ce bâton peut tout autant rassurer que faire peur. Il pose plusieurs questions : est-ce que l’autorité qui m’a entouré guidait ou menaçait ? Est-ce que je me suis construit avec un “bâton” qui soutient ma colonne, ou un bâton qui me tombe dessus si je "dévie" ?
Dans le corps, cela se retrouve dans la façon de se tenir : se redresser par peur, se raidir, anticiper la critique, ou au contraire sentir un appui intérieur.
La mitre : surplomber ou veiller
La mitre élève la tête de Saint Nicolas au-dessus des autres. Elle incarne une parole qui vient “d’en haut” : la loi, le jugement, la bénédiction. L’enfant peut alors associer ce que pense l’adulte comme étant la vérité absolue; son propre ressenti comme secondaire.
Chez l’adulte, cela peut donner une difficulté à faire confiance à son propre discernement, à décider sans chercher un “grand autre” qui valide.
Les bottes qui frappent le sol
Dans beaucoup de récits, on entend les bottes de Saint Nicolas dans l’escalier, dans le couloir, avant même de le voir. Ce sont des pas qui approchent, qui font monter la tension : est-ce que je vais être félicité ou montré du doigt ? Le corps connaît ce type d’approche : bruit de pas, de clés, de porte qui s’ouvre; montée de vigilance, cœur qui accélère, souffle qui se suspend.
Regarder ces symboles permet de mettre en lumière la différence entre une autorité qui protège et soutient et une autorité qui contrôle, juge ou fait peur.
Et de sentir ce que l’enfant a enregistré… que le corps continue parfois à rejouer, bien après Saint Nicolas.
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